Le Schizo et les langues

Wolfson, Louis. Le Schizo et les langues. Paris, France: Gallimard, 1970.

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Résumé

« L’étudiant de langues schizophrénique, l’étudiant malade mentalement, l’étudiant d’idiomes dément, c’est ainsi que l’auteur de ce livre s’intitule lui-même. Il ne peut s’agir pour lui que de se saisir du dehors, sous une espèce anonyme, et de rapporter exactement ce qu’il fait. Ce n’est pas la moindre originalité de ce livre d’être un protocole d’activités et non, comme c’est généralement le cas dans les témoignages de «malades mentaux», l’exposé d’un délire. L’auteur est américain mais a écrit son livre directement en français, par refus de la langue maternelle. Ce refus commande le procédé linguistique auquel il recourt, procédé qui n’est pas sans analogie, comme l’indique Gilles Deleuze dans sa préface, avec celui de Raymond Roussel. L’auteur ne pouvant supporter la parole de sa mère, chaque mot qu’elle prononce le pénétrant, le problème est pour lui d’apprendre des langues (le français, l’allemand, l’hébreu, le russe) pour convertir le plus vite possible les mots anglais en mots étrangers qui leur rassemblent quant au sens mais aussi par le son. Le combat ne se limite pas à ce procédé- tout un arsenal défensif doit être disponible en permanence (radio portative, doigt prêts à boucher les oreilles, livre étranger sous les yeux)- et il ne port pas non plus seulement sur les mots, mais notamment sur la nourriture. Il existe en effet une équivalence profonde pour le «jeune homme aliéné» entre les mots maternels, dits avec un accent de «triomphe», et les aliments «souillés» dont il se gave parfois, en de fringales orgiaques. C’est aussi bien contre le corps que contre la langue maternelle que le schizo mène sa pathétique entreprise et c’est dans l’«exploit» du savoir qu’il trouve une fragile garantie. Tout un monde nous est livré dans ce que déclenche une série de rencontres: avec le père «fluidique» sur un banc public, avec des maçons francophones dans la cour, avec une prostituée, avec les Bibliothèques et les frigidaires. On souhaite que le lecteur ne se protège pas de ce livre extraordinaire — par son humour et son tragique et par la logique qu’il met en œuvre — en s’empressant de le ranger sous la rubrique des « documents psychopathologiques ». Qu’il se souvienne plutôt de ces mots de Michel Foucault : "Jamais la psychologie ne pourra dire la vérité sur la folie puisque c’est la folie qui détient la vérité de la psychologie" » -- p. [4] de couverture.

Types: Anthologies, essays, collections
All Contributors: Deleuze, Gilles (Prefacer); Wolfson, Louis (Author)
Dossier: 420 - WOLFSON, LOUIS
Collation: 268 p. ; 23 cm
ISBN: 9782070274369
Language of Publication: French
Publishers: Paris, France: Gallimard
Keywords: LANGUE MATERNELLE; LANGUE SYMBOLIQUE; LINGUISTIQUE
Copyright Statement: Éditions Gallimard
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Series Name: Connaissance de l'inconscient
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Deposited by: Users 6 not found.
Date Deposited: 03 Apr 2014 22:09
Last Modified: 10 Mar 2015 18:28
URI: http://e-artexte.ca/id/eprint/24577
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