Dossier | Conversation avec AA Bronson

Praxis, Delia Bajo, Brainard Carey

Conversation avec AA Bronson
Par Praxis

Nous sommes assis dans le studio de AA Bronson, dans le West Village, à New York. Il nous sert du gâteau aux fruits de Noël qu’il a confectionné à partir de la recette de sa mère, que celle-ci avait ramenée d’Angleterre, comme épouse de guerre. Après avoir discuté de l’origine du gâteau, nous commençons notre entrevue.

PRAXIS - Parlons d’abord de la guérison telle que tu l’abordes dans ton travail ainsi que sur ton site Web, aabronson.com. Sur ton site, tu expliques un peu en quoi consistent tes séances de guérison et ce que cela signifie. Pourrais-tu nous expliquer comment tu en es arrivé là, à une étape de ta démarche où tu offres au public des massages de «guérison» ?

AA BRONSON - Pour cela, il faut reculer à l’époque de General Idea, au moment où Jorge et Felix ont appris qu’ils avaient le sida, soit en 1989-1990. Nous avons alors décidé de faire en sorte qu’ils restent à la maison le plus longtemps possible et, de préférence, qu’ils meurent à la maison, de façon à ce qu’ils puissent poursuivre leur travail jusqu’à leurs derniers moments. Nous nous sommes donc employés à concrétiser cette décision. Nous avons loué un grand appartement pouvant contenir des lits d’hôpital et des fauteuils roulants et avons pris les arrangements nécessaires avec les médecins. Felix a effectivement travaillé jusqu’à environ trois jours avant sa mort; Jorge, quant à lui, est devenu aveugle, mais il a continué à participer aux prises de décisions jusqu’à la veille de son décès. Au cours de tout ce processus, je me suis aperçu qu’en tant que principal dispensateur de soins, j’avais besoin d’une formation plus approfondie. J’ai suivi des ateliers en Californie, dont le but était de former des «sages-femmes pour les mourants». C’était bien là mon intention, de jouer le rôle d’une sage-femme lors de leur décès, de leur passage de la vie à la mort. Ces ateliers portaient en fait sur un processus de guérison qui doit se dérouler en même temps que la progression vers la mort. Ces cours ont suscité chez moi un vif intérêt, et j’en ai suivi de plus en plus.
Puis le temps a passé. Jorge et Felix sont morts, et tout s’était déroulé comme nous l’avions planifié. Après leur décès, j’ai eu une idée : je possédais toutes ces compétences, je savais que je pouvais accompagner adéquatement les personnes en phase terminale et j’avais le sentiment que je devais continuer dans cette voie. Mais comme je ne savais pas trop quoi faire, j’ai peu à peu laissé tomber l’idée. Puis, en 2002, j’ai entendu parler d’un nouveau cours, un genre d’atelier de perfectionnement pour les guérisseurs. Je m’y suis inscrit. Nous étions 20 personnes à suivre le cours, tous des professionnels à part moi. En très peu de temps, je me suis rendu compte que j’étais très doué pour ce genre de travail.

P. - Comment as-tu su que tu étais doué ?

AA B. - Le cours fonctionnait comme suit : il y avait 20 guérisseurs et 20 clients, séparés en deux groupes distincts, et chacun d’entre nous visitions deux clients par jour, jamais les mêmes. Nous, les guérisseurs, avions notre propre groupe de discussion, où nous pouvions comparer nos expériences.

P. - Les autres «guérisseurs» avaient-ils reçu une formation traditionnelle, comme la psychologie ou la psychiatrie ?

AA B. - Non, la plupart pratiquaient le massage de la même façon que je le fais aujourd’hui, c’est-à-dire en accompagnant le traitement physique d’une intervention verbale thérapeutique, selon une combinaison qui pouvait prendre de multiples formes. J’ai fait plusieurs rencontres marquantes que je pourrais qualifier de déterminantes.

P. - Un exemple ?

AA B. - Dans l’article de la revue Butt, je parle d’un homme dans la mi-cinquantaine qui, après avoir avoué à son entourage son homosexualité, avait quitté sa famille et la ville de Boston pour s’installer à Chelsea, à New York. Il avait alors pris l’habitude de s’attifer comme un jeune gai dans la vingtaine, ce qui lui donnait une allure plutôt ridicule. Comme il avait fait carrière dans le domaine publicitaire, il était extrêmement compétent en matière de relations publiques. Il se montrait très amical et extraverti, et donnait l’impression de n’avoir aucun problème. De façon très professionnelle, il présentait au monde un faux visage, et personne ne pouvait réellement savoir ce qu’il ressentait vraiment. Toujours souriant, il était en quelque sorte inaccessible, même si nous savions tous qu’il n’avait pas abouti là sans raison.
Lors de notre séance, j’ai posé mes mains sur lui comme j’ai l’habitude de le faire maintenant – dans le but d’avoir une idée de la personne qui se trouve devant moi. Or, je ne percevais rien, comme si l’homme était une coquille vide. Une idée m’est alors venue à l’esprit : j’ai posé mon doigt sur son sphincter, son trou du cul, et j’ai senti que tout était là, c’était stupéfiant. Je l’ai maintenu dans cette position en lui suggérant de respirer à partir de ce point. Je lui ai demandé d’imaginer, quand il expirait, qu’il exhalait de la fumée noire, et quand il inspirait, qu’il inhalait de la lumière blanche et de l’énergie nouvelle. Au bout d’un certain temps, sa respiration est devenue très rapide et ses yeux se sont écarquillés, et j’ai vu qu’il avait un peu peur. Il a quand même continué, et les choses sont demeurées ainsi pendant un bon bout de temps. À partir d’un certain moment, chaque fois qu’il exhalait sa fumée noire, il déféquait dans ma main sans s’en apercevoir. Il ignorait totalement qu’il se soulageait dans ma main. J’ai alors fait semblant que tout était normal et lui ai dit de continuer à respirer. Nous avons poursuivi ce manège pendant un long moment, et j’ai finalement dû mettre fin à l’exercice car notre séance d’une heure tirait à sa fin. Je lui ai alors demandé de ralentir doucement le rythme de sa respiration. Lorsque sa respiration est revenue à la normale, il s’est rendu compte de ce qui s’était produit et a dit : «Oh mon Dieu, je me suis vraiment débarrassé de toute la merde qui encombrait ma vie !»
Dès lors, il est devenu une personne entièrement différente. Les autres guérisseurs qui ont travaillé avec lui par la suite étaient capables de le percevoir très clairement. Ses émotions avaient remonté à l’intérieur de son corps, et il était dorénavant prêt à faire face à la douleur que lui avait causé son enfermement. Et ce, sans procéder à aucun massage – je n’avais fait qu’exercer une pression du doigt sur son trou du cul.

P. - Mais cela semble si intime et si inattendu !

AA B. - Il faut se rappeler qu’à ce moment-là, il avait consulté cinq autres personnes et il se trouvait dans un environnement où ce type de chose est susceptible de se produire. De plus, il était venu précisément avec l’envie de vivre une catharsis et de faire une percée majeure dans la compréhension de son existence, et c’était là sa motivation première. Dans un sens, il était prêt. Bien sûr, ce ne sont pas tous les clients qui seraient prêts à ce qu’une telle chose se produise – il faut souvent de nombreuses séances avant d’en arriver là –, mais chaque personne est différente. Cet épisode particulièrement intense illustre bien l’ampleur de mes talents, car personne, auparavant, n’avait obtenu quel que résultat que ce soit avec cet homme, personne n’arrivait à le saisir.

P. - C’est ce qui t’a donné la force de commencer à faire ton propre travail de guérison ici ?

AA B. - En fait, quand j’ai quitté la Californie, je croyais qu’il serait absurde de ne pas faire de la guérison mon métier. À mon retour, je t’ai rendu visite à ton appartement et je t’ai parlé de tout ça; tu m’as fait part de ton intérêt, et tu as été le premier à qui j’ai administré un massage. Puis, deux autres personnes, des amis de mes amis, sont aussi venus me voir. J’avais alors trois personnes avec qui travailler, ce qui allait me permettre de déterminer si je pouvais réellement y arriver. Puis, au bout d’environ six mois, je me suis senti en mesure d’annoncer que j’étais à la recherche de clients moyennant un tarif.

P. - Cela voulait dire créer ton site Web et établir l’identité de AA Bronson, guérisseur ?

AA B. - Oui. À la même époque, j’ai rencontré le rédacteur en chef de la revue Butt. Je lui ai alors dit, presque à la blague, que je devrais lui masser l’arrière-train pendant qu’il me ferait passer une entrevue! Après y avoir songé, il m’a rappelé un mois plus tard pour m’annoncer que le projet l’intéressait. C’est lors de la parution de l’article que l’identité de AA Bronson, guérisseur, a vu le jour. Le site Web devait être prêt, et il l’était.

P. - Considères-tu le guérisseur et l’artiste comme une seule et même chose ?

AA B. - Je crois qu’ils sont différents, mais il y a un certain chevauchement entre les deux identités. Il existe une tradition voulant que l’art soit une méthode de guérison, mais elle s’inscrit plutôt dans un contexte social.

P. - En plus, ce n’est jamais aussi clair et aussi succinct que lorsque tu emploies le mot guérisseur.

AA B. - Je dois admettre que j’ai choisi le mot guérisseur en partie ironiquement parce qu’il est tellement surutilisé de nos jours, au point d’être devenu un cliché. Je voulais me réapproprier ce mot vidé de son sens.

P. - Un grand nombre d’œuvres qu’on a tendance à associer aux clichés du Nouvel Âge arrivent difficilement à obtenir une légitimité dans le monde des arts. Cette association nuit souvent aux artistes. Est-ce que cela risque de créer un problème dans ton cas ?

AA B. - Pas jusqu’ici. Je crois que les gens ont un peu de difficulté à s’y habituer, mais l’identité que j’ai créée est tellement forte qu’elle a complètement pris le dessus sur celle de AA B de General Idea. À un certain moment, je me suis rendu compte qu’elle était aussi forte ou même plus forte que mon identité d’artiste, et que je devrais par conséquent en faire mon identité d’artiste.

P. - Et l’exposition à Paris, l’automne dernier ?

AA B. - L’exposition à Paris se déroulait à la Galerie Frédéric Giroux. J’y ai créé quelque chose qui ressemblait à un kiosque publicitaire d’une foire commerciale ésotérique, où seraient annoncés les services de AA Bronson*Healer. Cela se présentait comme un ensemble de photographies grand format, dont certaines incluaient de courts témoignages de clients et d’autres portaient en surimposition l’adresse de mon site Web, aabronson.com. J’ai également préparé des cartes professionnelles. Lorsque les gens visitaient la galerie, ils pouvaient prendre rendez-vous avec moi pour une séance de massage. Ceux qui prenaient rendez-vous se voyaient remettre, après la séance, un certificat qui était en fait une reproduction d’œuvre d’art. C’était la première fois que je tentais quelque chose du genre, et je dirais que les résultats ont été plutôt mitigés. D’une part, les gens qui voulaient le massage n’étaient pas vraiment intéressés à recevoir une œuvre d’art, et les gens qui voulaient l’œuvre d’art n’étaient pas vraiment intéressés à recevoir un massage. Le mariage de ces deux éléments n’a pas été très heureux.

P. - C’est de ce chevauchement que tu parlais tout à l’heure, n’est-ce pas ?

AA B. - Oui, l’autre problème était qu’en bout de ligne, la galerie avait l’air d’une galerie, et que j’avais sous-estimé le pouvoir de ces murs blancs. Mon installation avait l’air d’une exposition de photographies, et non pas d’un kiosque de foire commerciale. Je prévois réaliser un projet semblable avec John Connelly Presents en mai, à New York. Mon idée, cette fois-ci, est d’installer tout le nécessaire de massage à l’intérieur de la galerie, soit la table, les chandelles, l’huile, etc. Je prépare avec Andrew Zealley une pièce musicale, qui sera ma musique de guérison «Nouvel Âge» personnalisée.

P. - Peux-tu nous parler de certains clients de l’exposition de Paris ?

AA B. - Premièrement, j’étais censé offrir des séances de massage pendant cinq jours, et quand je suis arrivé sur les lieux, une seule personne avait pris rendez-vous, pour la fin de la semaine. Lors de l’ouverture, il semblait y avoir une certaine confusion sur la façon dont le mot healer se traduisait en français. Il y avait un mot qui évoquait un contexte clinique, et un autre qui signifiait quelque chose s’approchant d’un sorcier, et aucun des deux ne convenait.
De plus, j’ai remarqué que le communiqué de presse qui avait été envoyé par la galerie indiquait que j’allais administrer des massages anaux (rires), ce qui ne correspondait pas à ce que j’avais dit. C’est le responsable de la galerie qui avait voulu donner cette impression. (Tous éclatent de rire.) Cela a créé une certaine nervosité chez tout le monde.
Mon premier client était le propriétaire de la station de radio gaie. Vers la fin de son massage, une petite équipe de tournage télévisuel est venue l’interviewer. J’imagine que les commentaires qu’il a faits à son entourage ont dû être positifs, parce que la chose s’est sue et le lendemain, une foule de gens ont voulu prendre rendez-vous avec moi pour une séance. Or, ils voulaient tous me voir la semaine suivante, et je devais retourner à New York. J’ai donc prolongé quelque peu mon séjour. J’ai pu faire deux autres massages, mais si j’étais resté plus longtemps, le projet aurait joui d’une plus grande visibilité.

P. - Et comment la guérison s’est-elle déroulée à la Power Plant à Toronto ?

AA B. - J’ai créé une grande murale peinte de 7 x 15 mètres – que j’appelle dessin mural –, plus grande qu’un panneau-réclame, à titre de publicité pour AA Bronson*Healer. Je suis très, très satisfait de cette pièce. Elle a une présence énorme. Elle m’a également procuré le contexte autour duquel j’allais parler de ma pratique de guérison; j’ai donné environ quatre visites guidées, dont la murale est devenue l’élément central.

P. - Et la réaction à cette nouvelle identité ?

AA B. - En bout de ligne, toutes les œuvres ont été appréhendées dans l’optique de la guérison, et ce thème a coloré toutes les autres choses que j’ai faites – d’une façon tout à fait intéressante. J’étais très content. Je me trouvais dans ma ville natale, les résultats étaient satisfaisants et je percevais une réaction extrêmement favorable de la part du public des arts.

P. - C’est vraiment inhabituel de ne pas recevoir de critiques négatives ou hostiles de la presse.

AA B. - Les médias sont venus en grand nombre, ils étaient incroyablement nombreux, et ils ont tous abordé la question du guérisseur comme si c’était une chose parfaitement normale (rires), ce qui m’a réellement surpris, car je m’attendais à ce qu’ils tournent tout ça en ridicule. Or personne n’a réagi de la sorte.

P. - Aucune critique défavorable ?

AA B. - Aucune.

P. - C’est stupéfiant. Que penses-tu de cela ? Ça nous arrive à nous aussi; quand notre travail ne suscite pas de réaction critique, je me dis parfois que c’est parce qu’il s’agissait d’une œuvre brillante (AA éclate de rire). Par contre, tu sais, lorsque la démarche est aussi intime, et que le client se fait toucher, est-il possible de maintenir une distance et d’analyser le processus de façon critique ? Tu t’attendais à des critiques négatives ?

AA B. - J’étais très nerveux, je m’attendais à ce que les gens éprouvent de l’embarras et ignorent le projet. Mais au lieu de cela, ils ont fait preuve d’une grande ouverture. Un journaliste m’a demandé de lui donner un massage, ce que j’ai fait, et la séance a été très réussie. Il a écrit un article qui paraîtra demain dans le Eye Weekly, où il affirme que cette expérience a changé sa vie.

P. - Que s’est-il passé ?

AA B. - Il était étendu sur le dos, et mes mains étaient posées sur son corps. Je le sentais un peu gonflé, comme un ballon, et j’avais de la difficulté à le percevoir clairement. Puis je me suis mis à lui masser le dos, et il a commencé à se détendre réellement. Je pouvais sentir que quelque chose se produisait, mais j’ignorais de quoi il s’agissait. Ensuite, lorsque je lui ai demandé de se recoucher sur le dos, il m’a dit : «Je sens qu’un important changement s’est produit dans mon corps, est-ce que ça se voit ?» En le regardant, j’ai constaté que son ventre s’était notablement aplati, même s’il demeurait tout de même un peu rond. J’ai dit : «Ton ventre a disparu !». Et il a répondu : «C’est bien ce que je croyais.» (Rires)
Au sortir de la séance, il avait une apparence plus soignée, totalement différente, comme s’il était plus grand, plus mince – une transformation physique totale. Peu après son retour à la maison, il m’a envoyé un message par courrier électronique m’annonçant qu’il pouvait dorénavant enfiler des pantalons qu’il n’avait pas portés depuis deux ans! Il m’a ensuite dit espérer que le changement serait durable! C’était très drôle. (Rires) Ce que j’ai alors compris, et je le lui ai peut-être dit, c’est qu’il était semblable à l’un de ces oiseaux ou lézards qui se gonflent la poitrine pour donner une impression de puissance et pour faire fuir leurs ennemis.

P. - Quelle histoire incroyable. C’est le rêve de tous, de perdre du poids en se faisant masser ! (Rires)

AA B. - En fait, j’ignore si son poids avait changé, mais il n’avait certainement plus la même corpulence ! (Rires)

P. - Vers quoi t’orientes-tu maintenant ? Tu as entrepris ton travail de guérisseur il y a seulement un an environ, tu en as fait deux expositions et tu en prépares une autre à la galerie John Connelley de New York, pour le mois de mai. Vers quoi tout cela s’en va-t-il, et que feras-tu ensuite ? Où ce processus te mènera-t-il ? Une autre identité émergera-t-elle ?

AA B. - Je crois que ce qui importe, pour moi, c’est d’être capable de me maintenir pour ainsi dire en suspension, de procéder sans trop savoir ce que je fais. Parce que je ne sais pas où tout cela me mènera, absolument pas. Ce dont je suis certain, c’est d’être capable de savoir si quelque chose convient ou ne convient pas.
Je ne crois pas que cette démarche en soit encore arrivée à son aboutissement final, je pense qu’il reste encore une autre étape à franchir, dont j’ignore totalement la nature.

BIO
Delia Bajo et Brainard Carey forment à eux deux le groupe Praxis, dont les œuvres, réalisées en collaboration, ont été présentées au PS1/MOMA et dans le cadre de la biennale du Whitney Museum, en 2002. Ils travaillent présentement à l’écriture d’un livre ainsi qu’à la réalisation d’un long métrage de cinéma-vérité. On peut prendre connaissance de leur travail et de leurs écrits à www.twobodies.com.

Tags artistes: 

S'abonner à l'infolettre


Courriel :

Publications



Boutique/Shop



Index

Encan/Auction



Informations



Contact

esse arts + opinions

Adresse postale
C.P. 47549,
Comptoir Plateau Mont-Royal
Montréal (Québec) Canada
H2H 2S8

Adresse de nos bureaux
2025 rue Parthenais, bureau 321
Montréal (Québec)
Canada H2K 3T2

E. : revue@esse.ca
T. : 1 514-521-8597
F. : 1 514-521-8598